Les choses ne pourraient aller mieux pour le quatuor métal local Voïvod, qui a retrouvé son chanteur original ainsi qu’un nouveau bassiste en la personne de l’ex-Metallica Jason Newsted.
Olivier Lalande

Michel “Away” Langevin, batteur et leader de la grosse pointure métal locale Voïvod, avait l’impression de revenir de loin quand, en 1999, le second chanteur et bassiste Erik Forest s’était miraculeusement remis de graves blessures subies lors d’un accident de la route en Europe. Déjà reconfiguré suite au départ du chanteur Denis “Snake” Bélanger, en 1994, et du bassiste original Jean-Yves “Blacky” Thériault trois ans plus tôt, Voïvod venait du surmonter une autre de ces fameuses embûches qui, depuis les débuts du groupe en 1983, avaient été nombreuses à bloquer la route du groupe.

En 2001, cependant, l’accident revient hanter la bande. Des doigts sont pointés, les avocats se mettent de la partie... Voïvod se survit pas. Quelques moins plus tard, revirement à l’Hollywoodienne: Snake est de retour et un vieil ami de Langevin et du guitariste Denis “Piggy” D’amour, aussi. Il s’agit de l’ex-Metallica Jason Newsted, avec qui Voïvod avait déjà collaboré. Newsted, qui semble décidément destiné à remplacer des bassistes endommagés dans des tragédies routières, multiplie les coups de main: il signe Voïvod sur son propre label, s’offre pour jouer la quatre-cordes sur un nouvel album que la formation a entamé puis, un coup parti, rejoint la formation. Un an et demi plus tard, le nouveau-vieux quatuor est de retour avec un dixième album-studio, simplement intitulé Voïvod. La critique est unanime et la famille Osbourne, que Newsted fréquente pour être le nouveau bassiste d’Ozzy, aussi. À la veille d’une tournée avec le magicien d’Ozz, une autre avec son carnaval annuel Ozzfest et entre deux spectacles avec Sepultura, Michel Langevin a bien voulu répondre aux questions de NL.

Avez-vous l’impression de recommencer là où vous aviez arrêté quand Snake est parti ou y a-t-il un sentiment de renouveau? C’est sûr qu’on réalise qu’on repart pour une troisième fois. Par contre, c’est moins difficile de repartir cette fois-ci que la dernière fois avec Erik. Le profil de Jason est important...son label a beaucoup d’argent; sa présence nous apporte beaucoup plus d’entrevues... Tout est beaucoup plus gros. Le fait que Jason joue avec Ozzy aide aussi notre cause. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé sur le Ozzfest. Ça fait une bonne dizaine d’années qu’on a pas autant fait parler de nous. Créativement, ça a été tout aussi facile. On a travaillé dur, il faut dire... Mais la chimie n’a pas du tout été difficile à retrouver.

Ces dernières années, tu as joué avec Caféine, Élizabeth Anka et d’autres projets plus rock n’roll. Snake aussi a joué dans des groupes du genre. Tout cela semble s’être infiltré dans le nouveau matériel... C’est sûr! Tu sais, du métal, on en a surtout écouté de 1980 à 1985. Notre premier amour a toujours été Iggy Pop, les Sex Pistols, Black Sabbath... C’est ce qui fait que, présentement, j’aime beaucoup International Noise Conspiracy, les Hellacopters et tout le nouveau mouvement garage, et ces influences se font certainement sentir dans mon jeu de batterie. Jason, lui, est plus dans le stoner rock, comme Kyuss, et ça aussi a eu un impact sur le nouveau matériel. Ça donne un son plus “assis”.

Metallica n’a pas fait beaucoup de métal depuis 1991. Jason était-il rouillé? A-t-il été gâté par la vie de rock star? Jason est un gars hyperactif qui a besoin de jouer plusieurs heures par jour. Il a un studio-maison dans lequel il a continué d’enregistrer des collaborations pour d’éventuels projets secondaires. Pour ce qui est du mode de vie, c’est vrai que Jason a été une célébrité pendant 17 ans et qu’il est multimillionnaire, mais ce ne sont pas des choses dont on peut tenir compte dans un contexte de band. Tout ce que je sais, c’est qu’il est extrêmement surpris et satisfait de pouvoir avoir joué dans une même vie avec des vedettes comme Metallica, un groupe underground important comme Voïvod et...Ozzy!